Kev Adams mis en cause dans un nébuleux projet de film financé par des NFT


Le projet Plush avait fait l’objet d’une campagne de publicité lors du Festival de Cannes, en mai 2022.

« Je regrette que des personnes se sentent aujourd’hui lésées ou trahies. » Dans un message posté lundi 24 avril sur les réseaux sociaux, Kev Adams justifie sa participation à Plush, un projet de film au financement participatif aujourd’hui soupçonné d’être une arnaque, d’après une enquête publiée dimanche par Mediapart. « Contrairement à ce que certains articles font croire, je ne suis pas le cerveau d’une opération ou d’une arnaque quelconque. J’ai juste accepté de prêter ma voix à un film d’animation », se défend le comédien.

Lancée au printemps 2022 par la société Illuminart, l’idée derrière Plush était la suivante : financer la production d’un film d’animation mettant en scène des ours en peluche par la vente de 50 000 NFT (non fungible token, pour « jetons non fongibles »), des images assorties d’un certificat numérique d’authenticité vendues 1 250 euros pièce. En échange, les acheteurs se sont vu promettre une participation à certaines orientations du scénario, leur nom inscrit au générique et surtout un retour sur investissement mirobolant.

« La moyenne du box-office mondial est de plus de 700 millions de dollars », rappelait ainsi « Fabi », le patron de Plush, apparu déguisé en ours en peluche lors d’une vidéo en direct sur TikTok, diffusée sur le compte de Kev Adams et dont des extraits sont publiés par Mediapart. « Bien qu’il n’y ait rien de garanti, en moyenne vous ferez six à sept fois ce que vous mettez en vingt-quatre mois, ce qui est quand même énormissime. »

Une société opaque sise à Dubaï

Soutenu par des personnalités comme Kev Adams, donc, mais aussi le chanteur Gims ainsi que des influenceurs comme Dadju, Poqssi ou Laura Chanteuse, le projet pouvait inspirer confiance. D’autant qu’il affichait, dès son lancement de grands noms au générique pour assurer les voix des personnages, dont Eric Judor, Camille Lellouche ou Gérard Darmon. Neuf mois plus tard pourtant, les 770 personnes qui ont participé au projet n’ont plus aucune nouvelle : « Fabi » aux abonnés absents, silence radio sur les réseaux sociaux, forum fermé… Selon Mediapart, ce sont ainsi 1,5 million d’euros qui se seraient évaporés. La valeur des quelques NFT de nounours écoulés – 1 280 sur les 50 000 escomptés – s’est, quant à elle, effondrée : sur la plate-forme spécialisée OpenSea, la page officielle du projet affiche désormais un prix moyen de 0,18 ether pour chaque image, soit un peu moins de 300 euros au cours actuel.

A cet échec commercial évident s’ajoute l’opacité de la société Illuminart. Son siège social est domicilié à Dubaï sans que cela ait été clairement expliqué aux investisseurs – ce qui fait qu’ils n’étaient pas protégés par le code de la consommation français ou européen –, l’identité de ses actionnaires et de ses dirigeants n’avait jusqu’ici jamais été rendue publique. D’après les informations de Mediapart, « Fabi » en est en réalité le seul patron et actionnaire. Ce Français de 44 ans, dont toutes les sociétés précédentes ont depuis fermé boutique, est aujourd’hui un investisseur en cryptomonnaies, mordu de poker et… ami de Kev Adams.

En dehors de l’influenceur Marc Blatta – que fréquente « Fabi » –, des deux responsables de Rooftop Production et de Karlab, les sociétés en charges de la production du film, aucune des personnes impliquées dans le projet n’a souhaité répondre aux questions de Mediapart.

Le Monde



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